Grâce aux joëlettes, des fauteuils tout-terrain tractables, de jeunes personnes en situation de handicap peuvent vivre une expérience inoubliable de course sportive. Localement, c’est l’association Courir Avec qui porte ces belles initiatives d’inclusion. Rencontre avec Didier Caillon et Henri Olive, deux coureurs au grand cœur.
Depuis combien de temps l’association Courir Avec existe-elle ?
L’association existe depuis 2009. Elle a pour objectif de faire découvrir la course à pied à environ 35 jeunes en situation de handicap grâce à des joëlettes. Le sport réussit à faire tomber les barrières en favorisant le partage entre valides et non valides et à créer un lien social entre les jeunes, leurs familles, les coureurs, les partenaires, les bénévoles…
Combien l’association compte de membres ?
Actuellement nous sommes environ 80 coureurs, dont une dizaine faisant partie de la section course de la Cambronnaise ainsi qu’une cinquantaine de bénévoles qui nous épaulent.
Parlez-nous des joëlettes…
L’association possède 10 joëlettes. La plupart d’entre elles nécessitent 5 personnes : 1 qui dirige, 2 qui tracte et 2 avec des sangles sur le côté. Une équipe de 8 personnes se relaie en tournant toutes les 2 minutes sur chacun des rôles. Une joëlette pèse environ 30 kilos donc avec une personne dessus, on arrive à un poids conséquent. C’est physique !
Ce fauteuil a un surnom : la machine à sourires, tellement elle offre du bonheur aux personnes qui sont dessus.
Justement, qui transportez-vous lors des courses ?
Ce sont des enfants à partir de 9 ans ou de jeunes adultes jusqu’à environ 25 ans qui sont en situation de handicap. Avant la première expérience, il y a parfois un peu d’appréhension chez l’enfant ou ses parents mais rapidement la crainte laisse place à de grands sourires. Il faut dire qu’on y va progressivement : le baptême en joëlette est souvent réalisé sur une course dite « roulante », sans obstacles majeurs. Et l’ambiance autour est tellement sympa…
On imagine qu’il y a beaucoup d’émotion lors d’une course ?
Oui. Souvent, on démarre avant tout le monde. Les autres coureurs s’écartent pour le départ et applaudissent les enfants en joëlette. Une fois en course, ils ont toujours un mot sympa lorsqu’ils nous dépassent… Tout le long du parcours les spectateurs nous encouragent alors les enfants sont transfigurés car ils sont vraiment immergés dans la course. Certains enfants crient « Plus vite ! Plus vite ! » et il arrive même qu’ils soient déçus lorsque la course s’arrête. Les passages de ligne d’arrivée, c’est toujours beaucoup d’émotion pour nous tous.
À quelles courses participez-vous ?
On s’inscrit à une trentaine de courses par an sur des distances de 10 à 42 kilomètres comme les Foulées de Saint-Sébastien, les Foulées du tram, les Foulées de l’Éléphant, le Muscadet trail…
A cela s’ajoute deux à trois grands projets par an. En 2024, par exemple on a participé à l’Euskal trail dans le pays basque, le marathon de Paris ou encore un trail en Slovénie.
Un mot sur ce trail en Slovénie ?
Nous sommes partis à 32 dont 8 jeunes porteurs de handicap et 20 coureurs. L’aventure s’est déroulée en 5 étapes, pour 116km en tout au cœur de paysages magnifiques. Des souvenirs extraordinaires ! Il faut parler aussi du quotidien car sur ces excursions longues, les référents, qui sont au nombre de trois par enfant, ont aussi la mission de les accompagner pour l’habillement, le repas… Naturellement, cela créé de l’attachement mutuel.
A ce propos, gardez-vous des liens lorsque les enfants ont grandi ?
Oui, bien sûr. On se revoit parfois autour des courses mais aussi lors d’évènements que l’on organise comme « Les 5 heures de joëlette », une grande journée festive et sportive de découverte de la joëlette qui a lieu chaque année à Machecoul. Bien souvent, ces moments de retrouvailles permettent de se rappeler les bons souvenirs de course. Un week-end convivial interne est aussi organisé à Noirmoutier, l’occasion pour les familles d’échanger entre elles, car elles ne se connaissent pas forcément.
En dehors des courses, avez-vous d’autres missions ?
Oui, notre rôle est aussi de sensibiliser au handicap, surtout auprès des élèves de primaire, 6e et 5e. En 2024, année olympique, ce sont près de 10 000 élèves qui ont été rencontrés. Notre lien avec les écoles est fort : nombreuses sont celles qui organisent chaque année des levées de fond au profit de l’association, notamment à travers des cross solidaires.
Vous souhaitez rejoindre les membres de Courir avec ?
Une dizaine d’entre eux font partie de la section Course à pied de la Cambronnaise, club sébastiennais.
Contact : couriravec44760@gmail.com / courir-avec.com / Facebook